La conscience : est-elle ce qui fait notre malheur, ou bien ce qui fait notre dignité ?
Extrait 1 :
Je puis bien concevoir un homme sans mains, pieds, tête, car ce n’est que l’expérience qui nous apprend que la tête est plus nécessaire que les pieds. Mais je ne puis concevoir l’homme sans pensée. Ce serait une pierre ou une brute.
Blaise PASCAL, Pensées (1670), édition Sellier, Le Livre de poche, Paris, 2000, § 143, p. 107.
Extrait 2 :
Pensée fait la grandeur de l’homme.
Ibidem, S § 628, p. 407.
Extrait 3 :
L’homme n’est qu’un roseau, le plus faible de la nature, mais c’est un roseau pensant. Il ne faut pas que l’univers entier s’arme pour l’écraser ; une vapeur, une goutte d’eau suffit pour le tuer. Mais quand l’univers l’écraserait, l’homme serait encore plus noble que ce qui le tue, puisqu’il sait qu’il meurt et l’avantage que l’univers a sur lui. L’univers n’en sait rien. Toute notre dignité consiste donc en la pensée. C’est de là qu’il faut nous relever et non de l’espace et de la durée, que nous ne saurions remplir. Travaillons donc à bien penser : voilà le principe de la morale.
Ibidem, S § 231, p. 171.
Extrait 4 :
Roseau pensant. Ce n’est point de l’espace que je dois chercher ma dignité, mais c’est du règlement de ma pensée. Je n’aurai point d’avantage en possédant des terres. Par l’espace l’univers me comprend et m’engloutit comme un point, par la pensée je le comprends.
Ibidem, S § 145, p. 107.
Questions :
1. Dans ces fragments, qu'entend précisément Pascal par "pensée" ? Repérez et analysez les formules qui permettent d'établir un lien avec la notion de conscience.
2. Pourquoi l'homme est-il assimilé à un "roseau pensant" ? Pensez à l'image d'un roseau secoué par les éléments, le vent par exemple : comment se comporte-t-il ?
3. Expliquez le sens de la personnification de l'univers :
a) Que suggère la comparaison entre l'homme et l'univers ?
b) Compte tenu de "l'avantage" incommensurablement disproportionné qu'a l'univers sur l'homme, ce dernier serait-il de taille à lutter ? Analysez l'opposition entre "l'univers" et l'homme qui y est "comme un point".
c) Relevez et analysez les verbes : qu'advient-il de l'homme ?
d) Pourquoi n'avons-nous rien à attendre "de l'espace et de la durée" pour "nous relever" ? Que recouvrent ici "l'espace" et "la durée" ? Qu'entend Pascal par l'expression : "nous relever" ?
e) Malgré sa très grande faiblesse, l'homme est-il pour autant démuni ?
4. Quelle valeur Pascal accorde-t-il par conséquent à la pensée ?
Réflexion :
À l'issue de cette analyse, quelle est la grandeur de l'homme ?
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